Selena, ancienne responsable du foyer Ménorah - 30 octobre 2013

Lors de mon arrivée en février 2011, je ne pensais pas rester si longtemps à Reims. Je quittais ma famille, mes amis, mes habitudes pour vivre dans une ville que je ne connaissais pas, pour vivre en colocation avec des personnes (et pas des moindres !) que je ne connaissais pas, pour commencer mon premier travail en tant qu’éducatrice spécialisée. J’avais de l’appréhension, la crainte de ne pas être à la hauteur, la tristesse de quitter mes proches, des doutes (ai-je fait le bon choix ?). J’ai mis quatre mois à m’habituer à tous ces changements.
Puis, une nouvelle « moi » est née. Effectivement, grâce aux personnes accueillies, j’ai développé mon sens de l’humour (il était déjà pas mal avant, hein !), j’ai appris à cuisiner pour treize personnes (et pas seulement des pâtes !), j’ai écouté davantage les besoins et envies des autres (c’est une chose de les écouter, c’en est une autre d’y répondre au mieux). J’ai appris à mieux me connaître : découvrir mes limites, être toujours dans la vérité et la sincérité.
Les personnes avec handicap m’ont appris à prendre sur moi, à contrôler mes émotions, elles ont même révélé des talents cachés… (certains ont retenu mes conseils pour le ménage !). Mais surtout, elles ont été présentes lors de mes grandes joies et lors de mes grands moments de tristesse, elles ont partagé leur vie avec moi.
Merci de m’avoir acceptée telle que je suis ! J’ai fait la rencontre d’autres personnes : mes collègues, mes colocs,mes amis. Jamais je n’aurais cru nouer des amitiés aussi profondes et sincères. J’ai été écoutée, soutenue, conseillée,… et aimée (enfin j’espère !). Cette attention, cette bienveillance ont participé à mon bien-être et à mon changement de valeurs, de points de vue.
J’ai vécu des moments forts en émotions avec vous, et je suis heureuse de les avoir vécus avec vous tous. Durant ces deux ans et demi, il y a eu des très bons moments (entre autres les événements communautaires, les week-ends assistants, Atlanta, les anniversaires…) mais aussi des moments très difficiles (la maladie de Claude, les départs de Jory et de Jonathan, le décès de Jean-Marie et bien sûr, plus récemment celui de Marie). « Ce qui ne tue pas rend plus fort ». Cette phrase de Nietzsche me semble très vraie mais c’est grâce à vous tous que je suis devenue un peu plus forte, un peu plus grande...

Oui, j’ai changé et chacun d’entre vous aura contribué d’une façon ou d’une autre à ce changement ! Merci. Merci d’être ce que vous êtes, merci d’avoir fait et de faire partie de ma vie et d’avoir donné du sens à ma vie.

Ca me fend le coeur de vous quitter mais ce sera pour mieux se retrouver !

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